Cabrera J4 : jeudi 17

Des étoiles dans les yeux

Si hier était exceptionnel, aujourd’hui s’est montré extraordinaire. Aucun adjectif ne peut décrire justement les découvertes de la journée.


La grotte des rafalés

Les lascars ont connu des heures physiques et éprouvantes en voulant explorer la grotte des rafalés. Cette dernière, redécouverte lors de la précédente mission, les attendait patiemment, ouverte aux attaques d’éole.

C’est donc après une marche de plusieurs kilomètres sous les vents que l’équipe entreprend la descente dans l’antre des rafalés. Pour mémoire, dans le récit de Gabriel Froger, les rafalés étaient les captifs “qui formaient la partie la plus misérable d’entre eux… Ils ne possédaient en tout que deux vêtements dont ils se servaient tour à tour pour faire les corvées”.

La scène que découvre les chercheurs les laissent sans voix. Tant de lumière et d’obscurité à la fois ! L’ ouverture abyssale n’est rien devant ce décor cyclopéen.

Le soleil pénètre par faisceaux, éclairant d’immenses stalactites et stalagmites tout en jouant avec l’obscurité des cavités. Des jeux d’ombres se créent, faisant paraître certaines concrétions telles des gueules béantes fabuleuses.

Il faut comprendre ici combien l’âme d’un archéologue est passionnée, même après une marche forcé, même aprés une épreuve de corde, même aprés un brushing éolien. Pieds au sol, casques relégués derrière un amas de pierre, chacun s’affaire à sa spécialité. Photo-relevé, topographie, recherche de graffitis ou de cachette, étude des foyers… Aucun détail n’est oublié.

Quelques dessins, des centaines de graffitis, des dates, des noms. Un nom, celui de BLAS, se distingue, plus grand, centré sur la roche, dans une position dominante. Serait-ce celui de Gil ?

De nombreux graffitis sont relevés et feront l’objet de recherches. Qui sont-ils ? Quel est leur parcours ? Ont-ils survécu ? Ne reste-t-il d’eux qu’un nom sur une roche ?

On trouve ça et là de petits foyers autour desquels les captifs s’installaient sur des bancs de stalagmites. L’eau déperlant dessus concrétionne petit à petit les vestiges de ces moments de survie.

Derrière ces témoignages de captifs, la grotte pleure son histoire sordide. Des larmes d’eau douce perle avec un léger tintement jusqu’au sol sableux, créant avec le temps un bassin naturel. Il faut dire qu’il n’est plus de “fous” ou de “reclus” pour s’en abreuver.

 

L’air est humide, vicié, et le travail se fait de plus en plus contraignant. Les lascars remontent le matériel. Comme cela est long, comme cela est lourd ! Ils sont épuisés, fiers et reconnaissant envers leur médic de choc qui les a assurés sur cette périlleuse descente.


Le tertre

Une autre partie de l’équipe travaille sur l’hypothèse d’un cénotaphe, localisé à proximité de la grotte des rafalés. Ce petit tertre d’environ 2.2m est dressé en haut du versant et par conséquent se trouve fort exposé aux vents. . Même s’il s’agit d’une structure anthropique, aucun indice funéraire relevé.

L’habitat troglodyte

Quelques lascars ont également exploré les abords de la grotte et pied de falaise et ont découvert une vingtaine de grottes. Ces dernières ont accueillis les captifs désireux de s’abriter. Aucun graffiti sur les parois n’ont été aperçu mais les archéologues ont pu déceler des races d’occupation.

Des étoiles dans le ciel

La journée se révèle physiquement et scientifiquement riche. La nuit descend vite sur l’ile et le vent souffle. Les bourasques balayent les outils négligemment abandonnés contre le muret. Les lascars sont éreintés et aucun ne prend soin de les ranger.

La nature leur offre une dernière merveille. la voie lactée se dévoile au dessus d’eux, immense sérénité sous les rafales





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